Quantcast

dimanche 25 octobre 2015

La maturité spirituelle

pdf akklésia Maturité spirituelle couv
Ivsan Otets

AUTOMNE 2015

RÉVISÉ À L’AUTOMNE 2022

Format A5 : 71 pages.

Ce texte est publié dans un recueil de 10 écrits d’Ivsan Otets, disponible en deux formats :

- Format e-pub : 4,49€.
- Format papier : 7,95€.

Lien pour l’achat du recueil : BoD [↗︎]

Présentation du recueil : Le règne terrestre des parfaits [↗︎]

En bref :  Pour parler de maturité spirituelle, il n’est pas forcément nécessaire de prendre l’un des tout derniers livres de la Bible, cette épître aux Hébreux qui fait profession de révéler les mystères de Dieu et d’amener les « élus » vers l’âge adulte des choses spirituelles. À cet effet, les 2e et 3e chapitres de la Genèse nous enseignent bien mieux. Assurément, l’allégorie du jardin d’Éden résume très bien les dynamiques fondatrices de notre réalité et les intentions de chacune des forces en présence au sein de la Création et au chevet de l’homme : Dieu et la Raison.

C’est en méditant sur ces dynamiques et ces intentions que l’homme peut entendre et voir — comprendre — toucher du doigt et démêler les fils de son pèlerinage sur la terre. Mieux comprendre les mystères conjoints de Dieu et de l’homme nous permet également, nous semble-t-il, de mieux appréhender la suite de ce pèlerinage : la résurrection, qui est à la fois une suite et une rupture.

Le texte ci-contre propose un exemple de réflexion sur ces « mystères » intimement liés que sont Dieu et l’homme.

En plus d’une confrontation entre les textes de l’allégorie d’Éden et de l’épître aux Hébreux, nous intégrons quelques développements de la pensée philosophique occidentale autour de la Raison et de la conscience. Une réflexion qui change radicalement la perspective du christianisme.

La maturité
spirituelle

ou : « La foi en l’impossible »  ·  À partir de l’épître aux Hébreux, 1019-13

extrait

PAGE 80

Efforce-toi de te conduire selon ce que prescrit la raison pratique, la morale, et pour ce qui est de l’impossible, le Christ a réglé la dette — sur le Papier. Il est monté aux cieux, et lors d’une scène extraordinaire, dans le Temple de Dieu, il a payé à la rationalité pénale ce que tu dois. Si donc tu as encore mauvaise conscience, c’est que ton existence pose un problème. Tu manques de foi. Tu es coupable de tes crimes, et en plus tu es coupable de ne pas croire à cette scène expiatoire durant laquelle le Christ régla ta dette aux fonctionnaires de la Justice, là-haut, dans les cieux. Voilà l’exhortation de l’auteur de l’épître.

Toutefois, avec Job ou Pascal, mon existence répond  : « l’expiation sacerdotale a beau crier, elle ne peut QUE me rendre schizophrène », parce qu’elle ne peut pas m’assurer que l’impossible aura lieu, c’est-à-dire que la Raison sera totalement déchue de tous ses droits  ; que ce sera moi qui serai sur le Trône et que le “ce qui a été jamais n’a été” ne sera pas un principe doctrinal mais une réalité existentielle ; non parce que la logique d’un système sera apaisée, mais parce que je recevrai un autre sang, une autre chair – une autre Nature.

PAGES 84-85

Nous ne croyons pas comme l’auteur de l’épître aux Hébreux que la solution consiste à purifier la conscience par le paiement d’une punition. Ce type de théologie n’est somme toute qu’une théologie du purgatoire. Comme s’il suffisait de purger les profondeurs de l’être par le feu, par l’acide ou encore psychologiquement, par un sacrifice de substitution !

Cette approche punitive est dans une moindre mesure utile à l’enfant pour l’éveiller. Mais quand celui-ci devient un homme mûr, il découvre amèrement que cette mentalité des punitions ne marche plus. De même croyons-nous que la question de la conscience ne supporte aucun atermoiement. Elle doit être prise radicalement. Nous nous trompons tout simplement de porte pour percevoir l’existence. Il nous faut tuer notre conscience et entrer dans l’existence par une autre porte : celle que Dieu lui-même utilise.

PAGE 102

Le Christ sert ici d’agent double en réalité  ; une sorte d’espion spirituel. On lui fabrique d’abord une légende d’amour et de bonté en se servant de son sacrifice – fait historique. Puis à cette légende on ajoute la puissance divine en se servant de sa résurrection – fait tout aussi historique. Mais en réalité, dans la perspective de cette philosophie religieuse, le Christ est une taupe du système lévitique, un mouchard au service de la justice thoraïque. Il n’hésitera pas une minute à nous cafarder auprès du système si nous refusons son paiement : si nous choisissons de ne pas croire en lui. Il sera donc, pour l’administration divine – le Héros. Celui qui en venant parmi les hommes, d’une part, a servi de sceau à la Loi, d’autorisation finale pour jeter dans la damnation ceux qui rejetteront et condamneront la théologie lévitique  ; et d’autre part, pour ceux qui croiront, il sera la porte d’entrée vers une nouvelle nature, mais une nature totalement inhumaine  : l’être-obéissant-absolu.

PAGE 113

Nous voici donc avec un succédané de foi, un placebo. Une foi que nous croyons faussement être la Foi. Elle n’est en vérité que l’expression de notre libre arbitre coincé entre le bien et le mal, et hors duquel il ne peut sortir. Et comme lui, la foi qui émane du système lévitique dont parle l’épître aux Hébreux est tout simplement attelée à la raison. Ce en quoi, parmi d’autres, la théologie catholique est entièrement d’accord. L’encyclique Fides et Ratio le stipule de manière aussi éclatante qu’emblématique de la manière suivante  : « La foi et la raison sont semblables à deux ailes permettant à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité  ».

Mais le plus grave dans cette définition de la foi, c’est que l’homme n’a plus seulement une responsabilité temporelle face au système du bien et du mal qui l’encadre. Car la responsabilité temporelle est finalement naturelle  ; elle met sur nos épaules un joug décent, et même édifiant  : humain. Or voici que la foi religieuse oppresse l’homme avec un joug de fer  ; le joug d’une responsabilité éternelle  : il doit travailler à son salut. C’est une responsabilité inhumaine. Elle est titanesque, ahurissante, irréelle, outrageante, monstrueuse. Elle est diabolique.


Partage

vendredi 12 juin 2015

La soumission

pdf akklésia Daniel 4 couv
Ivsan Otets

PRINTEMPS 2012

RÉVISÉ À L’HIVER 2023

Format A5 : 12 pages.

Ce texte est publié dans un recueil de 12 écrits d’Ivsan Otets, disponible en deux formats :

- Format e-pub : 4,49€.
- Format papier : 7,95€.

Lien pour l’achat du recueil : BoD [↗︎]

Présentation du recueil : De l’ego à l’incognito [↗︎]

À propos : Le roi Nabuchodonosor — éminent personnage probablement très soigné de sa personne — se transformant en bête sauvage : hirsute, des ongles comme des serres d’aigle, couvert d’une eau naturelle qu’il peut à peine secouer, les oiseaux venant percher sur son dos de grosse bête placide et herbivore (on peut imaginer). L’homme le plus raffiné et le plus puissant d’alors soudain jeté à l’état le plus sauvage qui soit, dans l’impuissance animale. La légende frappe profondément les esprits : Dieu est au ciel et il fait ce qu’il veut. Il rabaisse ceux qui s’élèvent, il humilie les puissants, il donne et il ôte, etc. Oui, mais…

Même si la méthode a son utilité — elle éveille la conscience de l’homme pour l’élever au-dessus de l’animal en fouettant son ego tyrannique — il ne faut pas la confondre avec le but.

Or, le livre de Daniel, en accord avec la majeure partie de l’Ancien Testament, nous transmet l’image d’un Dieu qui corrige afin d’être exalté comme étant « LE PLUS FORT DE TOUS », le plus grand, le plus puissant, le boss : celui qu’il faut craindre.

Une telle conception totalitaire de Dieu induit une attitude non pas d’humilité mais de soumission. C’est ainsi que la vie du croyant se déroule dans une crainte continuelle de provoquer les coups du maître. Il va compter ses pas et prier très fort pour que son pied ne sorte pas du chemin rectiligne. De cette façon, la rosée du ciel pourra être répandue sur son champ plutôt que sur son dos.

Mais Dieu ne s’arrête pas à frapper l’ego des hommes dans le but d’avoir une armée de louangeurs fébriles. S’il prend le nerf de bœuf, le bâton ou la kalach, et éprouve l’homme qui mérite d’être repris (à savoir la totalité des hommes et des femmes), c’est d’abord pour que celui-ci ouvre les yeux et qu’il prenne conscience des autres hommes autour de lui. Qu’il prenne conscience de l’Autre.

Voici la première étape. Voici la mission du Dieu de Daniel : la soumission ! Ce Dieu qui n'hésite pas à frapper les rois et les grands à l'égal des serviteurs et des petits. Toutefois, la mission de ce Dieu s'arrête là ! Car le but final vers lequel elle conduit n'est pas de son ressort. Quel est ce but ? Il s'agit d'être capable d’aimer comme Dieu aime. Or, Dieu aime en respectant la liberté de l’Autre. C'est-à-dire que la soumission se trouve soudain brûlée et mise au remblai dès qu'on aborde cet amour-là dans tout le pragmatisme qu'il implique.

Cet amour-là et ce Dieu-là, qui révèle son but, nous les retrouvons dans le Nouveau Testament : c’est le Christ. Le Dieu avec qui on peut converser dans l’intimité d’une cuisine, le dieu que l’on peut questionner sans crainte et aimer comme un ami. Ce dieu qui a pour but de rendre l'homme capable de soumettre les Vigilants. Ces vigilants, nous dit Daniel, ont pour décret de soumettre l'homme… Or, voici qu'avec le Christ, l'homme est destiné à les soumettre : à devenir un insoumis !

La soumission

ou : « Le décret des Vigilants »17  ·  À partir de Daniel 4

extrait

PAGE D'INTRODUCTION

L’Ancien Testament relate-t-il ici honnêtement l’Histoire, ou au contraire déforme-t-il les faits afin d’authentifier son discours religieux ? Je ne crois pas que cette question soit réellement pertinente, car la conversion religieuse d’un roi n’a rien d’extraordinaire dans le cours de l’Histoire ; quant aux religieux qui s’en servent, brodant petit à petit l’événement pour y faire apparaître directement le divin : ils ont toujours été légion. Le roi de Babylone s’est donc peut-être durablement converti au Dieu des Juifs, et peut-être que non ; ou peut-être qu’après avoir fait un rêve troublant, puis, ayant trouvé quelques réponses auprès de sages Juifs, il rendit légitime leur religion parmi toutes celles déjà présentes au sein de sa cour. Un travail historique honnête ne nous dévoilerait finalement qu’une réalité banale, certes utile mais non essentielle ; ce qui compte le plus est ailleurs que dans l’Histoire. L’important est ce qu’affirme le texte sur la personne de Dieu ; et plus encore de savoir en quoi cette conception du divin diffère de celle du Nouveau Testament.

PAGE 8

Au-delà donc d’une divinité totalitaire saturée de conscience collective, la parabole de Nabuchodonosor nous montre d’abord Dieu en train de résister concrètement à notre ego ; Dieu lutte contre l’individu qui dégénère en ego. Lorsque le roi explique, au terme de son épreuve : « je levai les yeux vers le ciel, et la conscience me revint34 », il faut se demander de quoi le souverain a-t-il pris conscience pour s’éveiller soudain de sa longue et profonde chute. Très certainement a-t-il appris à ne plus « conjuguer » son prochain au filtre de sa personne et pour servir sa volonté. Celui qui auparavant lançait : « moi j’ai construit, par ma force, par ma puissance, pour ma gloire, pour ma majesté… », voit désormais dans ce discours la raison de sa déchéance ; il y voit sa nature bestiale, cette force dominatrice où l’autre n’existe que pour assouvir un égoïsme naturel.

Partage

mercredi 13 mai 2015

Connaissance

pdf akklésia Connaissance Dieu couv
Ivsan Otets

PRINTEMPS 2015

RÉVISÉ À L’HIVER 2023

Format A5 : 46 pages.

Ce texte est publié dans un recueil de 12 écrits d’Ivsan Otets, disponible en deux formats :

- Format e-pub : 4,49€.
- Format papier : 7,95€.

Lien pour l’achat du recueil : BoD [↗︎]

Présentation du recueil : De l’ego à l’incognito [↗︎]

En bref : La connaissance de Dieu et la connaissance de l'homme sont-ils des problèmes de l’ordre du raisonnable ? Pour Ivsan Otets, le problème se pose ailleurs. Le défi qui nous est lancé devant la recherche d'une telle connaissance est en vérité le défi de la réalité. Connaître Dieu ou connaître l'autre suppose en effet d'entrer dans SA réalité. Et c'est là que les choses se corsent ! Car la réalité de Dieu et celle des hommes sont absolument différentes, et l'abîme qui sépare la réalité du dormeur de celle de l'homme éveillé en est l’évocation. Or, voici qu'en plus de ces deux réalités, celle de Dieu et celle des hommes, surgit soudain une troisième réalité : celle des dieux.

Les dieux, ce sont les Lois. C'est la logique et la raison qui précisément administrent la réalité temporelle dans laquelle vit l'humanité — chacun d'entre nous. C'est ce que l'auteur appelle le dieu-Lois ou le dieu-Torah. Nous voici donc face à trois réalités. Du point de vue terrestre et raisonnable qui est le nôtre, ces trois mondes semblent s'entrecroiser, s'emmêler et même converger vers le même but. Tel est en tout cas ce que la lecture biblique traditionnelle et la théologie dans son ensemble supposent. Ivsan Otets se jette ici dans cet imbroglio. Et sur une quarantaine de pages, il va nous entraîner d'une réalité à l'autre pour nous montrer que tout ce qui paraît être n'est bien souvent pas ce qui est, et que tout ce qui n'est pas est parfois ce qui existe réellement.

Soit donc, le rêve est peut-être la réalité tandis que le monde éveillé pourrait fort bien n'être qu'une légende ! Une légende toutefois savamment maîtrisée par celui qui est l'Être-existant par excellence. Celui qui un jour vint ici-bas et nous ouvrit légèrement le voile de Sa réalité. Sa réalité, nous dit l'auteur, c'est là où le Temps se retire ; là où la Vie déraisonnable et existentielle prend toute sa dimension — délivrée de l'ici-bas des hommes et des dieux.

Or, cet au-delà où vit l’Être-existant n'est pas celui que nous croyons : ce n'est pas l'Éternité. L'Éternité, c'est précisément là où se reposent les dieux. Ils retournent dans leur monde éternel lorsqu'ils cessent de travailler, lorsqu'ils n'ont plus à gérer le monde temporel. L'Éternité est ce lieu où ils attendent que les morts les rejoignent. Et tandis que les dieux nous font accroire durant notre vie temporelle que nous trouverons à leurs côtés la béatitude éternelle et le Repos, il s'avère que la connaissance de Dieu, de l’Être-existant, leur échappe totalement. Sa réalité leur est inconnue. De même, ils ont de la connaissance de l'homme une vue totalement faussée. Quant à ceux qui les écoutent, ils se nourrissent du même poison : le breuvage des dieux.

À propos de
la connaissance
de Dieu,
de l’autre,
et des dieux

extrait

PAGE 1

Connaître l’autre est impossible. Connaître son prochain, et de même, connaître l’être qui est le plus proche de soi — conjoint, ami, complice, alter ego... et Dieu y compris — c’est impossible. C’est littéralement et stricto sensu impossible ! Le problème qui se pose est un problème de réalité. Quelle que soit la proximité que j’ai avec l’autre, celui-ci existe dans sa réalité propre et particulière : son existence individuelle. Le connaître suppose donc que j’entre dans SA réalité.

PAGE 8

Assurément, la Nature et l’Humanité sont tragiquement en manque d’un quelque chose pour parvenir à la connaissance de l’autre. Quel paradoxe : l’Humanité ne connaît pas l’homme ! Et pour simuler cette connaissance elle se doit de déshumaniser l’individu. Elle se doit de lui arracher sa qualité d’individuum — d’indivisible. Elle fait de lui le membre d’un corps commun, le grand-Tout, ce fantôme qui seul reçoit alors la qualité d’indivisible. Lorsque l’Humanité dit « Que tous soient Un », elle affirme en vérité : « Il est bon que l’individu soit seul ; car l’individu ne doit être que l’élément d’un ensemble et maudit soit-il dans la solitude de la séparation s’il ne veut pas céder son indivisibilité ». Il s’ensuit que cet être qui gît dans l’Humanité, l’humain que nous sommes, voici qu’il n’est certainement pas l’homme. L’Homme, probablement, n’est pas encore né. Et cet Homme, qu’il faudrait dès lors appeler le Fils de l’homme, s’il existe, existe en dehors de l’Humanité parce qu’il est l’Être-existant par excellence. Aussi Kierkegaard avait-il raison : « Chaque homme particulier est seul. »

PAGE 22

Que se passe-t-il en vérité dans ce lieu ? Fort simplement le Temps se retire. Il va dans une autre réalité — la sienne. Il se retire de l’Éternité dans laquelle restent englués le dieu et les morts. Et les possibilités de changements et la vie s’étant retirées avec le Temps, c’est l’immobilité de l’Éternité qui demeure. La Loi est figée, sa balance est en parfait équilibre et à jamais épargnée par le dynamisme, les variations et autres libertés que nous donnons à nos vies temporelles. Là, les morts, c’est-à-dire les consciences désincarnées, ne peuvent que se remémorer leur Histoire passée — éternellement. Leur Histoire passée est le futur. Le passé et le futur sont un. Tout est Un. C’est l’immobilité. Il n’y a plus de côté pile ou de côté face en réalité. Ne reste que le tranchant, l’Éternité. C’est le repos, le repos des Lois qui n’ont plus de vivants à nourrir de leurs paroles. Seules sont présentes des consciences qui vivent leur mort dans un silence qui leur est, à elles seules, assourdissant. Sans incarnation, les consciences n’ont dès lors aucune nécessité d’être gouvernées par les dieux. Les dieux chôment. C’est pourquoi il est dit : « Au septième jour, Dieu se reposa de toute son œuvre qu’il avait créée en la faisant. » (Cf. Gen 23).

Partage

dimanche 22 février 2015

La conversion du diable

pdf conversion diable akklésia couv
Ivsan Otets

HIVER 2014

icone pdf 7,90 € 

pdf de 31 pages
Format livre

icone paypal

En bref : Voici encore un sujet brûlant que traite Ivsan Otets. Et c’est sur la même crête de réflexion qu’il nous conduit : entre la pensée magique et la pensée logique. Ce sont précisément les deux armes principales du diabolique. Néanmoins, nous dit l’auteur, l’instrument de prédilection du malin est la Logique. Tout n’a-t-il pas commencé au pied de cet arbre, arbre de la mort, arbre du Bien et du Mal ?

Certainement, le diabolique existe… mais le Diable, c’est une autre affaire. C’est-à-dire que la véritable question est bien celle de la nature de ce « personnage » dont l’animation imaginaire a fait la joie des pécheurs comme des vertueux. Qui est-il ? Et comment se fait-il que l’existence de Dieu ne puisse plus tenir dès l’instant où le Diable se mettrait à perdre cette identité personnelle d’Ange déchu que la théologie chrétienne a si soigneusement développée ? Et enfin, que fait l’Homme dans cette histoire ? Quelle est sa part ? Et si l’homme, finalement, était ce fameux Diable ?

Cet homme qui précisément ne cesse de transférer ses fautes sur un être imaginaire haut en couleurs. Cet homme-raté. cet homme qui se refuse à devenir un Fils de l’homme. Cet homme si bien équipé des armes aiguisées de la raison ; cet homme tellement capable de formuler le Bien et le Mal en de multiples lois et catégories… Cet homme-là ressemble étrangement au Serpent de l’Éden qui s’accrochait déjà à l’arbre du bien et du mal comme à la vie !

La conversion
du diable

extrait

PAGE 1

Je ne crois pas au diable communément présenté par le christianisme. Ce diable que la théologie ecclésiale nous propose comme une créature angélique pourvue d’une réelle individualité aussi libre et sensitive que la nôtre. Cet être vivant à qui un Dieu tout aussi étrange laisserait la pétulance de la vie et les joies de la liberté. Ce diable dont on se sert pour effrayer l’enfant, jusqu’au traumatisme s’il est possible, et qui, s’il n’était plus ce personnage libre et vivant dont parle l’Église, entraînerait du même coup la foi en Dieu à s’effondrer.

PAGE 17-18

Le Christ lui-même associe d’ailleurs très clairement l’identité du diable avec celle de l’homme. Ainsi donc, le voyons-nous crier à ses disciples encore immatures : « Arrière de moi, le satan ! tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes » (marc 833). Aux dires du Fils de l’homme, le diabolique se reconnaît donc par le fait qu’il « pense humainement ». Précisément ce que viennent de faire ses disciples. En effet, ceux-ci s’offusquent quand le Christ leur apprend qu’il souffrira, sera mis à mort, puis qu’il ressuscitera (31). Et aussitôt ils lui font des reproches, lui rappelant probablement l’enseignement rabbinique appris dès leur enfance (32). Car ce que le Nazaréen vient de leur dire ne colle absolument pas avec l’idéologie du Roi-messie victorieux en laquelle ils croient. Or, d’où leur vient cette doctrine messianique ? Où l’ont-ils puisée ? Fort simplement dans une interprétation du texte biblique venue de la tradition théologique. Car les théologiens d’alors avaient aussi distendu à l’extrême leur lecture biblique, et comme les docteurs du christianisme ils étaient parvenus à convaincre tout le monde que leur herméneutique émanait du ciel. Les disciples ne faisaient donc que répéter la « vérité » de ces derniers, de même que font aujourd’hui les « chrétiens » en prophétisant un gouvernement messianique et l’avènement de son royaume des cieux – sur Terre ! En réalité ce ne sont que des « pensées humaines » leur répond le Christ, un processus intellectuel ; c’est pourquoi il qualifie leur position de phénomène satanique. Le satan est bien cet homme intelligent et gonflé d’enthousiasme pour ses théories dont il se convainc qu’elles sont scellées par la Vérité ; qu’elles ont le sceau du divin. Il préférerait même juger Dieu plutôt que de les mettre en question. Assurément, le satan condamnera Dieu pour hérésie parce qu’il a voulu détruire le saint Temple des dogmes sacrés. Enfin, il vous répondra très sincèrement que mettre en question le dogme du bien et du mal est tout simplement l’œuvre du Diable.

Partage

dimanche 15 février 2015

La Femme et l’Homme

pdf akklésia la femme et l’homme couv
Ivsan Otets

PRINTEMPS 2013

RÉVISÉ À L’AUTOMNE 2022

Format A5 : 31 pages

Ce texte est publié dans un recueil de 9 écrits d’Ivsan Otets, disponible en deux formats :

- Format e-pub : 3,49€.
- Format papier : 7,90€.

Lien pour l’achat du recueil : BoD [↗︎]

Présentation du recueil : Généalogie des fils de l’homme [↗︎]

En bref : Tout n’est pas inspiré dans la Bible. Toutefois, les trois premiers chapitres de la Genèse sont particulièrement profonds ; réellement inspirés. De là, Genèse 1-3 arrive en tête des passages les plus mal lus. Que de chimères, de fantasmagories et de débilités les théologiens et les mystiques n’ont-ils pas fait dire à ce texte ! Et combien de millions de morts ces interprétations n’ont-elles pas entrainés dans l’Histoire de l’Humanité. Le plus tragique, toutefois, c’est d’observer comment, à l’ère de la technologie, des personnes d’un haut niveau intellectuel persévèrent à extraire de ces propos les mêmes outrances et les mêmes fables : une véritable insulte à l’intelligence en réalité.

Ivsan Otets dépoussière le texte dans une lecture akklésiastique et adogmatique qui lui est propre. Mais ce n’est pourtant qu’un premier jet, car le texte est si riche qu’il a d’abondantes facettes qu’une vie entière ne suffira pas à dévoiler. Le lecteur est dès lors invité, lui aussi, à se libérer de ses préjugés et autres lieux communs véhiculés depuis des siècles pour puiser dans le texte une eau fraîche — réellement désaltérante. Une lecture enfin libérée du dogme et du religieux promet à celui qui s’y adonnera une véritable libération. « La Vérité vous rendra libre » n’est pas un slogan, c’est une réalité. Encore faut-il oser une telle lecture.

La femme et l’homme

extrait

PAGE 86

Le premier homme était au commencement une femme. Ainsi en témoigne le texte biblique : Ève est le premier individu à naître de l’espèce humaine archaïque – non pas Adam. La première personne qui sur terre prit conscience de son devenir et de sa capacité à sortir de l’animalité était en réalité une femme.

    Adam, c’est d’abord une généralité : l’humanité dans son ensemble. C’est de cette manière que la Genèse introduit le terme « Adam » : pour désigner la réalité d’un nouveau groupe d’êtres vivants apparaissant sur la terre : « Dieu forma l’adam de la poussière de la terre » (27) nous est-il dit. C’est donc avec maladresse que nous parlons d’Adam comme nous parlons d’Antoine, de Pascal ou de Florent ; et nous nous trompons lorsque nous disons qu’Adam fut le premier homme et le premier être individuel. Le philologue Antoine Fabre d’Olivet, dans sa traduction très particulière et fort peu connue, lui aussi discerne la chose. Il décrit de façon bien plus pertinente le terme « adam » lorsqu’il le traduit par : « l’universel Adam » ou bien « l’Homme universel ». Je crois que nous serions plus proches de l’intention de l’auteur en poussant même jusqu’au néologisme, et comme nous parlons de l’humanité et de l’homme, nous pourrions parler de l’adamité et de l’adam. Bref... le récit de la création dans la Bible s’ouvre par l’annonce de l’espèce humaine ; par l’Adam qui n’est ni homme, ni femme, et pas encore un être particulier.

PAGE 109

L’homme est apparu dès l’origine comme valet de la femme quand elle l’inspira à exister intellectuellement ; quand elle lui donna le fruit de l’arbre des connaissances pour métamorphoser la réalité. Ève est par nature un chef politique et en vérité le véritable chef de famille. C’est pourquoi son ambition est de choisir parmi les hommes le plus apte à mettre en pratique sa vision du monde. L’amour se déploie en elle à cette condition. La femme de l’Éden cherche l’homme qui saura écouter et incarner avec talent les leçons de la séduisante raison. Elle aide ainsi son compagnon à déployer sa supériorité sur l’animal et à affirmer son pouvoir politique ; et ce faisant, elle le conduit à bâtir la conception du monde qu’elle goûte et voit intérieurement. Elle est l’architecte.

Partage

dimanche 8 février 2015

Le Semeur

pdf akklésia le semeur couv
Ivsan Otets

AUTOMNE 2013

RÉVISÉ À L’AUTOMNE 2022

Format A5 : 37 pages

Ce texte est publié dans un recueil de 9 écrits d’Ivsan Otets, disponible en deux formats :

- Format e-pub : 3,49€.
- Format papier : 7,90€.

Lien pour l’achat du recueil : BoD [↗︎]

Présentation du recueil : Généalogie des fils de l’homme [↗︎]

En bref : Se plonger dans la parabole du semeur, c’est faire face à 2000 ans de commentaires et d’auteurs tant ce texte a été lu et relu… « jusqu’à l’os », dira-t-on. Il n’y a plus rien en à tirer ; tout a été dit ! Pour l’homme raisonnable, certes, nous consentons à un tel propos. Il est confortable et rassurant, mais surtout, il évite aux sages de tomber dans l’ivresse de devoir chercher plus que raison. Pour l’homme de foi, c’est autre chose… Autant lui dire que « Dieu est à la mesure de l’homme et qu’il faut désormais chercher son mystère dans le langage mathématique ou encore de la Gématria. Car avec la langue normale, Dieu lui-même est limité ! »

L’auteur n’a pourtant pas été convaincu par cette lumineuse sagesse. Bien plus ; il affirme que même au travers d’une simple parabole, nous avons à peine commencé à entendre Dieu. C’est pourquoi la parabole du semeur a tout juste dit ses premiers mots malgré la monumentale somme de réflexions que théologiens et penseurs nous ont laissée de son étude. Très certainement, le lecteur qui se plongera dans ce commentaire akklésiastique avec diligence verra un autre horizon s’ouvrir devant lui et derrière le texte — un horizon irréligieux.

Celui qui sème
sortit pour semer

extrait

PAGE 47

L’explication que donne le Christ de la parabole du semeur est-elle vraiment une explication ? Quatre phrases laconiques (19-23) et le voilà déjà à proposer d’autres récits. Ne voyait-il pas qu’avec ce trop bref commentaire il nous laissait sur notre faim ? Assurément, quand il répète la parabole une deuxième fois, il lui donne alors plus de clarté, mais en conclure que nous posséderions à présent son explication pleine et entière, ce serait ramener le propos à bien peu de profondeur. En réalité, dans cette seconde narration adressée cette fois à ses disciples, le Nazaréen commence à peine à dérouler ce qu’il veut dire. Cette parabole, ainsi d’ailleurs que toutes les autres, est comparable à un véritable volumen, ces manuscrits en rouleau que l’on utilisait dans l’Antiquité avant qu’apparaissent les livres reliés ; le lecteur était alors obligé d’ouvrir le texte depuis son origine s’il désirait n’en lire qu’une partie. Il en est de même avec les paraboles du Christ, mais à la seule différence que dérouler ce qu’elles révèlent nous conduit à une lecture sans fin : le rouleau ne finit jamais !

PAGES 53-54

Le Christ livre les multitudes à ce qu’elles comprennent traditionnellement par parole de Dieu : commandements moraux, évolution des connaissances, contrôle et organisation des individus dans un ordre civilisé, égalités des droits, élaboration et ententes des Nations, etc. ; mais il les prive de la parole de Dieu, telle que lui l’entend. Il cache sa lumière sous le boisseau ; il leur parle en paraboles. Mais à ses disciples il dit ouvertement : « contrairement à la foule, il vous est donné de connaître le mystère du royaume des cieux (11) » ; puis, l’instant d’après, il leur répète la parabole du semeur en l’introduisant de cette manière : « lorsqu’un homme écoute la parole du royaume. » Le semeur vient de poser les bases de son action : la multitude continuera d’être nourrie de la parole de Dieu, mais quant au reste qui en sort et qu’il sépare, il devra abandonner la parole de Dieu ! C’est du royaume des cieux seul et de la parole du royaume dont il sera désormais question pour eux. L’accomplissement de la parole de Dieu, c’est la parole du royaume, et c’est ce à quoi rend témoignage l’Ancien Testament : « La gloire de Dieu, c’est de s’entourer de mystère ; et la gloire des rois, c’est de scruter les choses à fond » (pro 252). Or, quelle est donc cette race des rois si ce n’est justement cette bonne terre élue pour connaître les mystères de Dieu ; elle dont il est dit qu’elle échappe au large chemin rocailleux et épineux ?

Partage

jeudi 5 février 2015

Samson l’Indomptable

pdf akklésia samson l’indomptable couv
Ivsan Otets

AUTOMNE 2011

Révisé à l’automne 2022

Format A5 : 18 pages

Ce texte est publié dans un recueil de 14 écrits d’Ivsan Otets.

Présentation du recueil : La défaite des évidences [↗︎]

À propos : En écrivant une chronique des Juges, l’auteur construisait en réalité un réquisitoire contre les Juges. L’auteur — ou le groupe d’auteurs — s’est servi d’un fond historique qu’il a ensuite remanié afin de prouver à ses contemporains que l’engendrement de la royauté judéenne était voulu par Dieu. Le leitmotiv du texte est d’affirmer qu’à l’époque où Israël était encore sans royauté et sans administration pour organiser le peuple, celui-ci faisait ce qu’il voulait. Les Juges n'ont pas réussi à vaincre l’anarchie inhérente à l'absence d'un roi : ils sont en échec.

Le livre est donc un livre de propagande écrit par les vainqueurs qui ont manipulé l’Histoire à leur guise. C’est pourquoi les chercheurs ont parfaitement raison lorsqu’ils soulignent les lacunes du texte et il serait vain d'entrer sur leur terrain pour essayer d’en couvrir les anomalies ainsi que l’évidente propagande dont il fut le support. Toutefois, faut-il s’arrêter là et définitivement affirmer que le texte est sans inspiration parce qu’il n’est pas le parfait décalque de la réalité historique ?

Certainement pas prétend Ivsan Otets. Tout au contraire. Désormais libéré par la critique littéraire, l’homme de foi peut enfin lire un texte sans le sacraliser. Le livre a enfin perdu son statut sacré et le lecteur peut respirer. Il remerciera ainsi la critique pour son travail ingrat puisqu’elle lui a donné le droit de questionner le texte. Car l’inspiration se trouve précisément en dehors des chemins de la logique. Il faut laisser aux serviteurs de l’absolu et de la perfection les règles de la nécessité par lesquelles sont régies leurs sciences ; il faut leur laisser leurs dieux, ceux dont l’inspiration est précisément asservie à la logique et qui doivent sans cesse se justifier par des preuves visibles et tangibles.

L’inspiration se moque de tout cela et elle n’est pas bigote. Elle peut fort bien s’épancher entre les mots d’une propagande et le reste ténu d’un fond historique peut fort bien lui suffire pour clamer quelque chose de profond. En somme — il faut apprendre à lire Dieu ! C’est vers cet apprentissage que tend ce court commentaire du livre des Juges au travers du personnage de Samson. Samson — l’indomptable — tels que le sont toujours les inspirés.

Samson l’indomptable

extrait

PAGE 9

Tout comme Samson, le légendaire Achille enthousiasme les foules et on chante son titre de demi-dieu tant qu’il se bat héroïquement aux côtés des armées grecques sur les plaines de Troie. Mais lorsqu’il déserte l’armée, plein de colère envers le roi Agamemnon à cause de la belle Briséis, il devient indigne. Le gaillard n’est pas fiable, il est inconstant. Il est incapable de paître le peuple et d’occuper une charge internationale tant ses caprices le contrôlent. Bien des chercheurs reprochent d’ailleurs aux héros d’Homère « d’être particulièrement sujets à des sautes d’humeur rapides et violentes ; de souffrir d’instabilité mentale ». On préférera donner le sceptre du pouvoir à l’empereur philosophe Marc Aurèle, fervent stoïcien, gardien de l’éthique et accusateur des passions. Qu’il guerroie autant qu’il le désire, qu’il agrandisse l’Empire ou qu’il le défende bec et ongles, comme il le fit réellement, mais qu’il soit un humain et non un demi-dieu incontrôlable ; sinon, on frappera son talon d’Achille, on coupera sa chevelure, on flétrira sa gloire. On le fera chuter ! L’homme oint de Dieu est donc celui dont la conduite humaine est normale, équilibrée. Dans le cas contraire on lui diagnostiquera un désordre psychique ou démoniaque, et bien souvent un peu des deux. De sorte qu’aucun prophète biblique, ni même le Christ n’auraient aujourd’hui un traitement différent de celui qu’ils connurent de leur vivant. Ceux qui honorent leurs tombeaux sont d’ailleurs les plus virulents ; l’idée que les prophètes aient pu être « anormaux » est à leurs yeux un terrible cauchemar.

PAGE 18

Être endormi, pour un prophète, c’est être mort. C’est l’abandon de l’onction, c’est-à-dire l’impossibilité de voir. Les yeux de Samson sont crevés. Commence pour lui un long calvaire. Il est certes mis en avant comme un trophée glorieux, il est applaudi, il fait la joie des élites et anime les cérémonies du culte avec talent, mais « son Dieu s’est retiré de lui » ! Il est enchaîné à un système politico-religieux qui lui réclame, non plus de brûler les dogmes et les traditions, mais de les moudre pour en faire un pain de servitude aux hommes.

Partage

1Corinthiens 3

pdf akklésia 1cor3 couv
Ivsan Otets

Printemps 2012

icone pdf 5,90 € 

pdf de 15 pages
Format livre

icone paypal

À propos : Ce passage soulève la question de l’indépendance de la volonté divine et de son impact sur l’homme. Une indépendance qui est très vite transformée et ressentie chez ce dernier comme une insoutenable incertitude. Car l’homme veut être certain du ciel ; et les mystères de Dieu, il veut les mettre en lumière afin de « savoir où il va » et « à quoi s’en tenir ». De là la mécanique divine incarnée qu’est l’Église, qui va se charger de remplacer les mystères et l’imprévisibilité de Dieu par des certitudes et des dogmes logiques auxquels Dieu lui-même sera tenu de se soumettre. L’Église a changé le fondement.

Dans ce texte, Ivsan Otets propose une réflexion sur le matériau de la foi évoqué par Paul, et sur les différentes initiatives qui se présentent au croyant pour l’évaluer, dans une optique de « maîtrise de sa spiritualité ». Un texte qui examine une nouvelle fois la relation très contradictoire qui existe entre Église et Évangile.


Texte en quatre parties :
i · Le fondement tue la forme
ii · La mort de la révélation
iii · L’homme est le mystère de Dieu
iv · Les moissonneurs du vide


Réflexions sur
1Corinthiens 3

À PARTIR DE 1 CORINTHIENS 3 9 - 4 5

extrait


  déplier le texte biblique ici
39 Car nous travaillons ensemble à l’œuvre de Dieu, et vous êtes le champ de Dieu, la construction de Dieu. 10 Selon la grâce que Dieu m’a donnée, comme un bon architecte, j’ai posé le fondement, un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit. 11 Quant au fondement, nul ne peut en poser un autre que celui qui est en place : Jésus Christ. 12 Que l’on bâtisse sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin ou de la paille, 13 l’œuvre de chacun sera mise en évidence. Le jour du jugement la fera connaître, car il se manifeste par le feu, et le feu éprouvera ce que vaut l’œuvre de chacun. 14 Celui dont l’œuvre subsistera recevra un salaire. 15 Celui dont l’œuvre sera consumée en sera privé ; lui-même sera sauvé, mais comme on l’est à travers le feu. 16 Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? 17 Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est saint, et ce temple, c’est vous. 18 Que personne ne s’abuse : si quelqu’un parmi vous se croit sage à la manière de ce monde, qu’il devienne fou pour être sage ; 19 car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Il est écrit en effet : Il prend les sages à leur propre ruse, 20 et encore : Le Seigneur connaît les pensées des sages. Il sait qu’elles sont vaines. 21 Ainsi, que personne ne fonde son orgueil sur des hommes, car tout est à vous : 22 Paul, Apollos, ou Céphas, le monde, la vie ou la mort, le présent ou l’avenir, tout est à vous, 23 mais vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu. 41 Qu’on nous considère donc comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu. 2 Or, ce qu’on demande en fin de compte à des intendants, c’est de se montrer fidèles. 3 Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous ou par un tribunal humain. Je ne me juge pas non plus moi-même. 4 Ma conscience, certes, ne me reproche rien, mais ce n’est pas cela qui me justifie ; celui qui me juge, c’est le Seigneur. 5 Par conséquent, ne jugez pas avant le temps, avant que vienne le Seigneur. C’est lui qui éclairera ce qui est caché dans les ténèbres et mettra en évidence les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui revient.

PAGE 5

Bien qu’il prétende se tenir parmi les « intendants des mystères de Dieu », on peut se demander si Paul est ici à la hauteur de son affirmation. Car il est vrai qu’exhiber sa vie sous l’étendard du christianisme ne prouve nullement que les œuvres qui s’ensuivent soient inspirées du Christ. La bannière ne fait pas le soldat, pas plus que la particule ne donne la noblesse, et rien n’empêche de bâtir un lupanar sur d’excellentes fondations. Pourquoi donc jeter le doute sur Paul alors qu’il répète intelligemment une vérité commune à toutes les activités humaines ? Parce que ramenée à Dieu, il semble que cette pensée soit pour le moins ambiguë et au pire angoissante. En effet, comment le chrétien trouvera-t-il le repos en apprenant que son Dieu le laissera peut-être faire n’importe quoi en son nom ? N’est-ce pas angoissant pour lui de savoir que ses plus belles œuvres risquent ainsi d’être maudites par le Dieu même auquel il les aura consacrées ?

PAGE 9

L’instruction de Rabelais est bien trop sage pour traduire les propos du Nouveau Testament. Cette leçon que donne Gargantua à son fils Pantagruel est certes précieuse au regard de la vie matérielle, mais elle est totalement fausse lorsqu’on la rapporte à Dieu. Si l’un et l’autre avaient connu l’histoire biblique de Balaam, l’ânesse de ce dernier leur aurait tenu un tout autre discours : « Moi qui ne suis pourtant qu’une bête inconsciente j’ai vu l’ange de l’Éternel tel que rarement un homme l’a vu ; puis j’ai reçu la parole, et j’ai détourné un prophète de son orgueil. » C’est bien cette voix que l’Église devrait écouter, la voix de son ânesse ! Une voix qu’elle ne veut décidément pas entendre ; sa vanité et sa boulimie à se croire unique et indispensable l’a rendue sourde. Aussi n’est-elle pas plus « dispensatrice de la révélation » que Gargantua ne l’est ; elle lui ressemble d’ailleurs étrangement.

PAGE 11

Certains auraient donc une foi semblable à l’or quand pour d’autres elle serait pareille à une boule de chiffons. Une pensée aussi simple que trompeuse puisqu’elle ne conclut rien, bien au contraire, elle introduit une difficulté insurmontable. Pourquoi ? Parce que nulle part n’est dévoilé le secret nous permettant de mesurer avec exactitude la valeur du matériau ! Paul a-t-il élaboré un système infaillible ayant la capacité de juger la foi en Christ ? Oui, répond le christianisme : « le divin Rédempteur a pourvu son Église d’infaillibilité lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs ». Une formule catholique que le protestant adopte tacitement ; Max Weber l’avait fort bien compris : « Dans les régions où le calvinisme était la religion officielle, le contrôle policier exercé par l’Église sur la vie privée confinait à l’inquisition. » Une pratique d’actualité dans nombre d’églises issues aujourd’hui du protestantisme. L’Écriture est pourtant totalement opposée au contrôle du groupe sur l’individu, et elle n’interdit personne d’incarner sa foi contre l’autorité supposée des papes et des pasteurs. Aux apôtres qui faisaient taire un homme « parce qu’il ne suivait pas le Christ avec eux », Jésus rétorqua : « Non, ne l’en empêchez pas ! » (luc 9 49-50). Que fait ici Jésus sinon renier l’autorité dont se revêtent Pierre ou Jean de leur propre initiative ? Cette autorité ecclésiastique qui était alors en train de poindre. « Je ne suis pas fondé sur les hommes » dit-il ; « et aucune corporation humaine n’est mon corps pour recevoir ma divinité ».

PAGE 13

Personne et pas même moi ne peut donc dévoiler ici-bas ce que je suis vraiment ; pas plus un ange qui surgirait du ciel que cent églises, mille théologiens ou dix mille érudits ; tous ceux-là ne font que raisonner selon les évidences du bien et du mal. Et Dieu considère comme un outrage lorsque l’un d’entre eux tente de déchirer le voile derrière lequel le sanctuaire de notre être est en devenir. Dieu seul y accède ; et au-delà du regard de nos consciences, il fait de chacun « un temple de son Esprit ». Ce à quoi l’apôtre conclut : « Ce n’est pas ma conscience qui me justifie ; c’est le Seigneur. » Paul ne parle donc pas des œuvres ou des convictions du chrétien lorsqu’il interpelle sur sa « manière de croire en Christ » ; mais de ses « desseins cachés » dit-il ! La foi touche à nos intentions inaccessibles ; à nos pourquoi bien plus qu’à nos comment. Pourquoi ai-je foi en Christ ? Ma foi me sert-elle à dissimuler ? N’est-elle qu’un masque, un prête-nom tandis que je crois en secret que ma façon de vivre suffit pour me justifier ? Ou bien ma foi est-elle le résultat de mon impuissance devant le bien et le mal ?

Partage

Luc 11

pdf akklésia Luc 11 couv
Ivsan Otets

Été 2012

icone pdf 5,90 € 

pdf de 13 pages
Format livre

icone paypal

À propos : Dans la panoplie des menaces que l’Ekklésia fait peser (en chaire, via ses membres, ses écrits, etc.) sur le croyant qui amorce une remise en question de sa nature divine, on trouve en bonne place le verset 23 de Luc 11 et son imparable alternative : « Qui n’assemble pas avec moi, disperse ». Autrement dit : « Celui qui ne fait pas le même travail que je fais, celui qui ne coopère pas à mon œuvre, eh bien celui-là est mon ennemi ! » Voilà une étrange appropriation des paroles du Christ par l’Église, qui une fois de plus s’identifie à Dieu.

Cependant, il y a bien une réalité qui s’oppose à l’Église, mais cette réalité n’est pas le diabolos ; c’est le Christ Lui-même. Et dans ce passage où Il fait face aux religieux qui, justement, l’accusent d’être démoniaque, le Dieu incarné anticipe l’antique usurpation. Il déclare précisément l’inverse de ce qu’énonce l’Église : tous ceux qui poursuivent des constructions socio-religieuses — ce que sont les assemblées ecclésiastiques — font le contraire de ce que je veux. Ils éloignent de moi.

Cette parole, le Christ la tisse dans une réflexion sur la puissance et l’unité qui fait suite à un miracle. Miracles, mais surtout Puissance et Unité sont des thèmes qui sont très chers aux grands « Rassembleurs » d’aujourd’hui.

Qui ne rassemble pas avec moi disperse

À PARTIR DE LUC 11 14-23

extrait


  déplier le texte biblique ici
14 Jésus chassa un démon qui était muet. Or, une fois le démon sorti, le muet se mit à parler et les foules s’émerveillèrent. 15 Mais quelques-uns d’entre eux dirent : « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il chasse les démons. » 16 D’autres, pour le mettre à l’épreuve, réclamaient un signe qui vienne du ciel. 17 Mais lui, connaissant leurs réflexions, leur dit : « Tout royaume divisé contre lui-même court à la ruine et les maisons s’y écroulent l’une sur l’autre. 18 Si Satan aussi est divisé contre lui-même, comment son royaume se maintiendra-t-il ?… puisque vous dites que c’est par Béelzéboul que je chasse les démons. 19 Et si c’est par Béelzéboul que moi, je chasse les démons, vos disciples, par qui les chassent-ils ? Ils seront donc eux-mêmes vos juges. 20 Mais si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, alors le Règne de Dieu vient de vous atteindre (est donc venu jusqu’à vous). 21 Quand l’homme fort avec ses armes garde son palais, ce qui lui appartient est en sécurité. 22 Mais que survienne un plus fort qui triomphe de lui, il lui prend tout l’armement en quoi il mettait sa confiance, et il distribue ses dépouilles. 23 Qui n’est pas avec moi est contre moi et qui ne rassemble pas avec moi disperse.

PAGE 5

Les habiles théologiens de l’Église se saisirent très tôt du « qui ne rassemble pas avec moi disperse », prononcé par le Christ ; et en peu de temps l’envoûtement fonctionna à la perfection, car on se mit à lire : « qui ne rassemble pas avec l’église disperse ». Ainsi fut imaginé par l’Église et pour l’Église un dogme ayant fonction de diaboliser ses contradicteurs ; et il besogna avec tant de forces durant vingt siècles qu’aujourd’hui encore tout chrétien qui s’élèvera contre le système ecclésiastique sera honni comme un diable.

PAGES 6-7

En revanche et concrètement, la fraternité du Nazaréen existe uniquement par et pour la relation humaine. Tout médiateur extérieur (église, autorité religieuse, loi théologique, universalité...) qui voudra dès lors la régir ou juger de son authenticité sera directement en conflit avec le Christ : « C’est avec moi seul qu’on rassemble. Je suis le seul moyen et je suis aussi le but. Quiconque fédère avec son église est contre moi ; et tandis qu’il pense m’honorer en l’accroissant, ne pouvant rien sans elle, et courant les mers pour rendre tout homme dépendant de son autorité, il me refuse en vérité comme seul centre. Il m’écarte de l’autre en me partageant avec sa vérité ecclésiastique : avec son entité. Il disperse. » Ainsi parlait le Fils de Dieu. Le propos était intolérable, blasphématoire, satanique […]

PAGE 10

Ainsi le religieux assimile-t-il Dieu à une force, à une toute-puissance ; il est un guerrier, un héros et un vainqueur. Il sera donc identifiable lorsque, revêtu de son armure, et entrant lui aussi dans l’imbroglio du satan, il se mêlera aux combats pour ravir la couronne : la domination du Monde. Il démêlera l’imbroglio, ôtera l’ambiguïté ; instaurera une paix extraordinaire où la réalité, pour ne plus laisser aucune place à la confusion, sera tout en transparence et lumière. Mais au sein de cette pure et sainte clarté, Dieu est contraint de condamner en même temps tout secret, tout ce qui est caché, car c’est dans le sein du secret que naît cette « maudite » ambiguïté. Dieu se doit de rejeter notre intimité par l’extraordinaire transparence de Sa lumière ; il se doit de rejeter ce qui est propre à l’Être, là où, dans l’intime de ce que « je suis » se cachent les mystères de ma volonté : Dieu doit rejeter notre liberté !

PAGE 12

Dans ce premier appel que reçoit l’homme muet, le lien de son mutisme saute automatiquement ; c’est-à-dire qu’il se décadenasse de manière indirecte, non directement. En effet, Dieu n’est pas venu pour faire face à son infirmité, tel un chasseur de démons armé pour la circonstance, mais pour l’appeler à le suivre au-delà de sa mort, jusque dans le monde-à-venir. Ainsi donc, le cadenas qui liait la parole du muet s’ouvre-t-il, non parce que Dieu veut bénir cet homme par cette délivrance, lui laissant entendre que désormais sa vie connaîtra de continuels événements extraordinaires de ce genre, mais parce qu’il vient de lui ouvrir la porte d’une faveur excessivement plus haute !

Partage

Le jugement des miracles

pdf akklésia le jugement des miracles couv
Ivsan Otets

HIVER 2011

Révisé à l’automne 2022

Format A5 : 17 pages

Ce texte est publié dans un recueil de 14 écrits d’Ivsan Otets.

Présentation du recueil : La défaite des évidences [↗︎]

À propos : Le miracle a des allures de paradoxe : tandis qu’il ravit le cœur de l’homme avec son goût de merveilleux, sa rayonnante aisance se transforme volontiers en pente glissante pour la foi. Qui dois-je suivre ? Le thaumaturge qui comble les brèches du réel et remplit mon sein ou bien l’Être qui me parle d’exister ? L’un et l’autre sont-ils forcément en contradiction ? Quel message porte le « signe » que l’on réclame à Dieu et en quoi le miracle est-il un jugement ?

Dans cette réflexion sur le rapport respectif des hommes et du Christ aux miracles sont exposés plusieurs des thèmes principaux du discours akklésiastique et « chrétien existentiel ». Des thèmes qui seront repris et développés dans des textes postérieurs en une formulation parfois plus allusive.


Têtes de chapitre :
Sur la montagne ;
Au désert ;
Le règne ;
À Jérusalem ;
La nuit ;
Le figuier.


Le jugement des miracles

extrait


PAGES 3-4

Cette « gloire de la malédiction » est justement le thème d’ouverture choisi par le Christ dans son discours qu’on intitule à juste titre Sur la Montagne (mat 5-7). Tandis que le Nazaréen débute avec son fameux : « Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde », le christianisme s’empare naïvement de cette « mission » comme lui étant adressée directement. Ce qui est faux ! Le sel et la lumière, c’est précisément le rayonnement du procès que la tôrah fait aux hommes, avec ses capacités pour assainir et purifier la conscience ; si les moralistes, les penseurs et autres faiseurs de paix plus ou moins miraculeuses ont hérité de cette tâche en proclamant les lois de la réalité raisonnable, le christianisme a quant à lui reçu l’injonction expresse de ne pas entrer dans cette danse ! Les civilisateurs éclairés – croyants ou athées – ont toujours été légion, travaillant d’arrache-pied pour faire sortir l’humanité de la barbarie, pour l’éveiller, pour l’innocenter du procès par le procès, afin que jaillisse de ses morales, de ses connaissances et de ses spiritualités le miracle de notre destinée : la perfection terrestre.

PAGES 6-7

C’est donc en prophétisant une royauté terrestre que l’imposture d’une telle puissance est dès lors démasquée ; et son insistance à rendre publics ses prodiges afin de se justifier est le sourire du mensonge. Nous connaissons le mot sévère et répété du Christ de ne pas user du phénomène miraculeux comme outil de propagande, de « ne rien dire à personne » (mar 736, luc 856, etc.) ; c’est hélas tout le contraire que font les mystiques et guérisseurs en tout genre, à l’instar des œuvres ekklésiastiques telles que les pèlerinages à Lourdes ou les croisades de R. Bonnke.

L’action directe du Christ est invisible. Où pourrai-je entendre ses exodes ailleurs qu’en mon cœur ? Qui connaîtra de moi ce qui est caché en lui ? De même qu’il n’y a de résurrection que là où il y a des tombeaux [1], l’œuvre réelle du Christ est un écho, une parabole, une évocation, un à-venir. Ce qui la précède dans la réalité, c’est l’illusion, la négation et l’échec ; les efforts pathétiques pour réparer le monde, le zèle de la raison, les lois morales, les faux espoirs des miracles ; ces phénomènes-là sont l’accroissement du règne du Christ, c’est-à-dire de son refus des évidences, de son « non ».

PAGES 10-11

Tandis qu’il s’obstine à séparer, le Christ induit en même temps à sa condamnation. En mettant en doute le culte public et en jugeant directement ses chefs, il leur offre son propre procès. Ainsi leur rend-il le règne des évidences dont ses miracles les avaient privés. Il consent au retour de l’ancienne autorité qu’il avait brièvement interrompue par ses prodiges : l’autorité de la guerre, c’est-à-dire la réalité du bien contre le mal. Ce pouvoir moral, qui prétend être le messager de la paix universelle, a pour prophètes les religieux et les politiques. Le malheur est que leur dictat sera plus aveugle que jamais ! Comment pourront-ils désormais ignorer qu’un seul mot d’en-haut suffit pour effacer leur domination et briser leur roc ? Ne voient-ils pas que leur règne est un trompe-l’œil et leur paix une chimère ? N’ont-ils pas appris des antiques prophètes que Dieu rend sourds et aveugles les sages qui détiennent la vérité (és. 6) ? Car le Christ leur a remis une couronne de papier en déposant entre leurs mains la loi avec ses guerres, mais dans l’incognito, et de manière insaisissable, il se sert encore d’eux et de la lumière de leur procès. Il poursuit son processus de séparations et d’exodes, laissant les uns aux évidences lumineuses de l’expérience religieuse, et faisant sortir d’autres, en les appelant par leur nom, ceux qui, comme lui, quittent la mascarade politico-religieuse et le suivent à Béthanie « où il passa la nuit » (2117).

PAGE 14

Le jour suivant son jugement contre la royauté miraculeuse, le Christ revint à Jérusalem. Il trouva en chemin un figuier où il ne découvrit aucun fruit pour assouvir sa faim. Il déclara alors à l’arbre qu’il serait désormais stérile et il advint que ce dernier séchât à l’instant. Le miracle accompli, Jésus eut donc encore faim ! Pourquoi n’a-t-il pas choisi d’enrichir la plante afin que paraisse aussitôt une abondance de figues ? En outre, pour rajouter à l’incohérence, il explique le mystère de son acte par une énigme, affirmant que l’homme qui aurait foi et ne douterait pas ferait pareillement au figuier ; qu’il pourrait même parler à une montagne de se lever et de se jeter dans la mer, car cela se réaliserait ! Pourquoi s’en prend-il injustement à un arbre, se privant ainsi définitivement de manger, puis finalement « pérore » en discourant sur la foi ? Le Christ serait-il un déséquilibré tandis que nous serions bien portants ? À moins qu’il ne soit Roi et que nous ne sachions pas ce que cela veut dire.

Car en tous lieux où marche un roi les portes s’ouvrent.

_______________________________________________________________

[1] Nietzsche, cité par Karl Barth, L’Épître aux Romains, p.396.

Partage

À propos de l’Islam

pdf Islam akklésia couv
Ivsan Otets

AUTOMNE 2011

icone pdf 5,90 € 

pdf de 16 pages
Format livre

icone paypal

En bref : Le sujet brûlant de l’islam n’en finit plus d’occuper les divers relais de l’actualité et de générer événements et opinions, de susciter des inquiétudes et de déchaîner les passions… Le document proposé ici, qui est la réédition d’un texte de 2011, ne prétend pas donner de réponses aux enjeux sociopolitiques posés par le réveil offensif de la religion musulmane. Comme tous les documents de ce site, il s’agit d’une réflexion qui se place dans la perspective du message du Christ tel que nous le développons ici, à savoir — le discours de la résurrection de l’individu.

C’est dans cette perspective seule que la religion mahométane est abordée ici, en la comparant aux principales autres religions et à l’évolution que celles-ci ont connu. À ce titre, il apparaît que l’islam est à la traîne d’un phénomène « spirituel » qui a vu célébrer les noces entre Orient et Occident. Comme toutes les autres fois en un dieu transcendant, la religion coranique devra, si elle veut survivre, se résoudre à gîter dans le Sein Unique — formation hégémonique résultant de l’union précitée et résultat final du processus de développement « spirituel » de l’humanité.


Références auteurs : F. Nietzsche ; Régis Blachère.

À propos de l’islam


extrait


PAGES 5-6

L’athée s’est d’abord tempéré en préférant se désigner comme agnostique  ; c’est-à-dire qu’il a pris ses distances avec la rigidité dogmatique du vieil athéisme. Prétextant la tolérance, il cacha son véritable dessein  ; celui d’échapper aux troubles engendrés lorsqu’il devait défendre une vérité absolument scientifique. Ainsi y gagna-t-il en plaisant à un plus grand nombre. Il se fait depuis passer pour un modèle de pondération et d’harmonie, il professe l’antique épochè grecque  : la suspension du jugement ! Il est en vérité entré dans l’indifférence face aux vérités d’où il boit désormais le nectar de la haine  : le mépris. L’agnostique ne méprise pas seulement les vérités générales mais surtout et pour l’essentiel les vérités personnelles ! Le divin est selon lui une espèce de conscience universelle, et la condition fatale à l’entrée dans son royaume réside dans l’anéantissement d’une existence trop particulière, source de tous les malheurs dit-il. Il faut être absorbé dans ­l’Universel. Il ne faut plus être soi en tant qu’existence autonome, mais être une partie du Tout. Il s’agit de mettre son nom particulier au service du Tout, sa volonté à la volonté du Tout  : telle est la condition, pense-t-il, pour que règnent le bonheur et la paix dans le monde.

PAGES 9-10

L’islam est en vérité une version arabe de la tôrah de Moïse, entremêlée de christianisme, certes moins précise, plus archaïque et de seconde main, mais le texte coranique aurait pu tout aussi bien être peaufiné pour coller à l’environnement politique des Démocraties. C’est de cette manière que réussit à perdurer le judaïsme, il a continuellement fait évoluer son texte à l’aune des relents historiques des puissances régnantes. Il s’aida pour cela d’une tôrah dite orale qui n’est autre que la méthode utilisée en philosophie et dans les sciences pour faire évoluer les savoirs. Il en est pareillement des églises dont les dogmes n’ont cessé de se discuter et de se réformer afin que la Cité, en se modernisant, daigne conserver à l’ekklésia une place de choix en son sein. Cette capacité d’adaptation des cultes judéo-chrétiens en Occident a suivi le cours de l’Histoire jusqu’à notre ère moderne. Hélas, les réformes islamiques se sont arrêtées, court-circuitées progressivement entre le 11 et 13e siècle, au milieu du développement de sociétés relativement ouvertes allant de Bagdad jusqu’à Cordoue.
Ce qui diffère réellement dans l’islam, c’est donc son décalage dans le temps — non dans les textes ! Quiconque veut juger des textes qu’il compare donc leurs théologies respectives selon leurs propres évolutions historiques ; ainsi fait-on avec toutes les activités intellectuelles de l’homme. En vérité, il y a concordance de projet dans les textes coraniques et bibliques !

PAGES 11-12

Les trois monothéismes s’initient donc dans une eschatologie miraculeuse et l’annonce d’un nouveau monde. Puis, tous les trois flanchent devant le temps  : l’Heure finale étant repoussée dans le lointain, il faut un sol solide pour attendre, d’où l’élaboration d’une Loi et le projet d’une mondialisation.  Alors que Moïse, de manière prophétique, ne passe pas le Jourdain, son disciple Josué le fera  ; il bâtira une nation armée d’une mission et revêtue de lois religieuses et sociales. L’Église fera de même, elle s’organisera en institution, dirigera avec les rois, édictera ses lois.

Partage

Deux mots sur l’éternité

pdf akklésia sur l’éternité couv
Ivsan Otets

HIVER 2012

icone pdf 5,90 € 

pdf de 14 pages
Format livre

icone paypal

À propos : C’est un curieux particularisme des protestants francophones que de pouvoir lire dans leurs bibles le Tétragramme traduit par : « l’Éternel ». En effet, nous savons ce que raconte le Pentateuque au sujet du nom de Dieu : il fut donné à Moïse par Dieu Lui-même, sous forme de définition énigmatique et métaphysique premièrement (Ex 314) et de jeu de mots autour du verbe être ensuite (Ex 315). Une définition formulée comme suit — Je suis celui qui est/qui suis ou bien Je suis qui je serai. Les quatre consonnes léguées par les Écritures comme « nom de Dieu » étant יהוה (yhwh). Imprononçable par respect pour la divinité, le Tétragramme sera remplacé par « le Nom » (Hashem) ou « le Seigneur » (Adonaï). Ou encore « l’Éternel », donc.

C’est cette notion d’éternel, d’éternité qu’interroge le texte proposé ici, en convoquant les dernières théories scientifiques sur l’univers conçu comme espace-temps, pour les mettre en miroir avec les hypothèses des rédacteurs de la Genèse — encore eux ! Le ou les inspirés qui nous ont légué le Bereshit ne paraissent en effet pas moins savants que les astrophysiciens d’aujourd’hui lorsqu’ils nous racontent le Commencement… Leur esprit pénétrant s’est toutefois hâté, à l’instar de nos scientifiques contemporains, de confondre leurs magistrales déductions avec l’identité dernière du Dieu.

Le Nazaréen, qui a tenu l’Éternité à distance, est Celui qui, des siècles après les nomades orientaux et avant les scientifiques occidentaux, résout les mystères et équations de l’univers.

Deux mots sur l’éternité

À L’ATTENTION DES ASTROPHYSICIENS ET AUTRES LISEURS D’ÉTOILES


extrait


PAGES 4-5

Profitant de cet héritage colossal, l’astrophysique moderne poursuit donc la quête de l’univers éternel avec un sérieux incomparable. Sa première préoccupation étant d’ôter au big bang son monopole. Car si l’univers est sans fin, il doit être sans commencement ; aussi faut-il que le big bang ne soit pas son origine, qu’il ne soit pas l’instant premier de la Création du monde, mais seulement un épisode au sein des péripéties infinies de l’univers. Par conséquent, le cosmologiste suppose que le big bang n’est qu’un phénomène de collision interne à l’univers et suscité par lui-même ; une sorte de transition parmi d’autres au cours de ses interminables avatars. Mais pourquoi un tel acharnement à vouloir rendre l’univers physique éternel ? Pourquoi faire de l’éternité une sorte d’âme cachée de l’univers ? Une âme énergétique qui a été, qui est et qui sera éternellement. La réponse est fort simple : dès l’instant où l’univers est sans âge ni origine, le big bang et notre réalité sont nés de lui, ils ne sont qu’une minuscule saison de son infinité ; il n’est donc plus question d’un Dieu se trouvant avant et à l’origine du monde. L’avant univers n’existe plus puisque l’univers n’a jamais eu de commencement : l’éternité a vaincu Dieu ! Pour l’astrophysique, le big bang est donc une gradation appartenant aux cycles de la vie universelle ; un de ces prodiges que produit l’univers dans l’extrême complexité de son « feu éternellement vivant », aurait dit Héraclite.

PAGE 8

Que constate finalement le chercheur à partir du mur de Planck ? Il constate que le temps vient soudain de se séparer de la matière, que l’espace commence à délimiter ses frontières. Le monde est en train d’exister ! Il s’ordonne selon des lois universelles et devient compréhensible scientifiquement. C’est ici que le savant peut enfin se lever et parler : il se saisit de sa clef. La Science apparaît donc au moment même où a lieu cette première séparation. En vérité, elle est elle-même cette force prodigieuse permettant de dompter le chaos frénétique que rien ne contraignait avant le mur de Planck : la Science vient de déclencher une explosion vitale. Une prodigieuse lumière, jaillissant tel un big bang, éclairera désormais notre intelligence quant au monde physique, mais elle brûlera en revanche nos yeux quant au monde spirituel. La vie particulière est donc autorisée, et les différences vont s’éveiller, mais tout ce qui existe sera dorénavant soumis au puissant système de séparations de la Science, et tout sera réglementé par ses ingénieuses théories universelles. Enfin, avec l’homme surgira la conscience ; lorsque précisément il comprendra que ce sont les forces du savoir qui règnent. Des forces qu’il incarnera d’abord « grossièrement » en divinités mythiques avant d’en faire des doctrines, des lois, des vérités éternelles, puis enfin la déesse Science. Voilà pourquoi la physique est muette devant le mur de Planck, car étant fille de la Science, il lui faut attendre le premier geste de sa mère pour balbutier ; attendre que sa mère ait arraché l’espace-temps de la matière dans un cri d’explosion.

PAGES 12-13

Les savants et les Grecs renvoient donc tous les hommes dans l’orage sans fin du tohu-bohu ; tandis que les religions orientales les plongent plus avant, dans le néant de l’abîme infini qu’elles nomment béatitude. Ces derniers ont de ce fait l’idée la plus vicieuse qui soit ; car plus une conscience s’enfonce dans le vide, et plus l’écho de son histoire inachevée s’amplifie. En revanche, les nomades bibliques nous ont légué un avantage considérable, inégalable ! Ils ont perçu Dieu plus loin de nous que peut l’être l’éternité, et plus proche de nous que peut l’être notre propre mort. À tel point que l’Écriture révèle Dieu en le dissimulant, nous offrant alors un paradoxe insoutenable : plus l’homme assimile Dieu à l’immuabilité de l’éternité, plus il le perd ; et plus il règle sa vie sur une coordonnée certaine, plus il cesse de vivre. C’est précisément ce à quoi fait référence le premier mot de la Genèse, lequel est ainsi écrit en hébreu : « au commencement de ». Mais au commencement de quoi ?

Partage